L’intervento di Sergio Ribichini a Cartagine per l’apertura della Biblioteca Sabatino Moscati sulla Byrsa (INP, AMVPPC, SAIC). Nella foto con l’ambasciatore d’Italia Lorenzo Fanara e la direttrice d’istituto italiano di Cultura prof.ssa Matia Vittoria Longhi. L’inaugurazione è prevista per ottobre, in occasione del centenario dalla nascita del grande studioso.
<<J’ai connu Sabatino Moscati il y a 50 ans. Dans sa vision historique, à cette époque-là, les études phéniciennes et puniques apparaissaient partielles, fragmentaires, désorganisées, presque inexistantes comme discipline organique fondée sur une formation complète de ceux qui voulaient s’y consacrer.
Pour modifier un tel état de choses, le professeur Moscati a travaillé en Italie, depuis les années 60 du siècle dernier, sur divers volets.
Tout d’abord en faisant démarrer des recherches inédites, notamment archéologiques mais pas uniquement concentrées sur les fouilles, avec le concours de spécialistes de différentes sciences et nationalités.
Puis avec le lancement d’une série de publications, comme la “Rivista di Studi Fenici” et la “Collezione di Studi Fenici”, afin que les recherches pourraient y trouver un débouché et un encouragement. Ensuite, et finalement, avec la constitution d’enseignements universitaires, essentiels pour une formation propre dans ce domaine d’études.
Et encore avec la création d’un organisme spécifique, le Centre d’Étude pour la Civilisation Phénicienne et Punique, du Conseil National des Recherches ; ce qui a permis à beaucoup de disciples, moi y compris, d’étudier et de collaborer à son école.
Ensuite et finalement avec le début des Congrès internationaux d’études phéniciennes et puniques qui cette année célébreront leur dixième rendez-vous, à Ibiza.
Surtout et par programme, Sabatino Moscati souhaitait mettre un terme à la confusion du secteur : des études épigraphiques qui procédaient en contournant l’archéologie, des recherches archéologiques qui avançaient en ignorant la philologie, l’histoire de la religion qui marchait en liaison aux sciences philologiques et classiques plutôt qu’à une problématique autonome et actualisée.
Dans le renouvellement des études phénico-puniques des dernières décennies du vingtième siècle, à vrai dire, l’articulation en disciplines spécifiques est restée largement prééminente, bien qu’on ait aussi assisté, à l’échelle internationale, tant à une collaboration interdisciplinaire qu’à l’émergence progressive d’une nouvelle figure de chercheur organiquement préparé ; alors que, comme Moscati lui-même a observé, le déploiement des acquisitions du secteur a permis de combler le fossé par rapport à d’autres domaines, le grec et le romain en particulier.
Dans sa plus récente évolution, à laquelle ont contribué en premier lieu des chercheurs tunisiens et italiens, ce domaine apparaît beaucoup mieux défini et désormais bien encadré dans un cartouche plus organique de recherches sur les civilisations de la Méditerranée antique, qui vont de la Préhistoire jusqu’au Moyen Âge arabe et chrétien.
La création de la SAIC en 2016 a été conçue dans ce parcours, suivant la ligne longue tracée par l’illustre professeur. Des nouvelles instances éditoriales ont été lancées, à la hauteur de l’ère numérique et de libre accès (revue “CaSteR, Cartagine. Studi e Ricerche” ; collection “LMS, Le monografie della SAIC”) ; des conférences ont été promues, ainsi qu’une “SAIC-Academy” et des cours de formation innovants ; un soutien a été apporté aux recherches archéologiques en Afrique du Nord ; une politique de bourses d’études a été introduite, pour favoriser les jeunes étudiants ; un patrimoine libraire faisant autorité vient finalement d’être constitué, qui soit fonctionnel à la formation et à la recherche. La Bibliothèque qui porte son nom, grâce au don généreux de ses héritiers, est donc la dernière réalisation dans la perspective souhaitée par Sabatino Moscati ; un pas en avant essentiel sur cette lignée, pour lequel nous tous, membres de la famille Moscati, autorités tunisiennes, chercheurs d’un bord à l’autre de la mer, nous oeuvrons en pleine communion d’intentions.
De plus, à partir de leur Président Honoraire, les associés de la SAIC sont déjà prêts à enrichir cette Bibliothèque avec d’autres donations, ainsi qu’à travailler de manière adéquate pour le fichage des livres et leur classement. Nous espérons pouvoir rapidement créer tous ensemble, sur cette colline de Byrsa jadis rendue célèbre par Virgile, un pôle bibliothécaire important et significatif, un phare de culture sur l’avenir de la Méditerranée.
Je m’arrête là. Les mots des orateurs qui m’ont précédé et la présence de tant de Collègues montrent combien la coopération en matière de patrimoine culturel représente, depuis des décennies, une belle réalité du partenariat tuniso-italien fructueux et organique>>.